Le Monde De Lyli

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3 ans d'allaitement

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Si on m'avait dit ça il y a 3 ans déjà...

Si on m'avait dit ça il y a 3 ans déjà...
C'est incroyable, nous y voilà 1095 jours d'allaitement, soit 36 mois, 3 années  !
Si on m'avait dit ça il y a 1096 jours... je ne l'aurais pas cru !
Avant ma grossesse je ne pensais même pas à l'allaitement, je n'avais jamais vu personne allaiter, bien que j'ai des amies avec des enfants.
Une fois peut-être, j'ai entendu une amie de mes parents, quand j'étais jeune, parlait d'une position d'allaitement qui s'appelle le Ballon de Rugby (car elle était fan de ce sport), mais c'est tout.

Et me voilà, pour mon premier enfant à l'allaiter depuis 3 ans.
J'avoue que pendant ma grossesse, quand je regardais des reportages sur l'allaitement long, je trouvais ces mères un peu bizarres, je me posais beaucoup de questions.
J'avoue avoir pensé qu'elles devaient être un peu frappées du bocal...
Et puis un jour, je les ai comprises. Je pense.
Aujourd'hui c'est moi la frappée du bocal.

 

L'histoire d'un allaitement


J'ai eu envie pour cet article, pour ces 3 ans, revivre un peu les étapes de mon allaitement.
Sans tabous, sans mentir, vous raconter les hauts et les bas.

Tout à commencer un 10 novembre 2012, dans une clinique.

Est arrivée dans ma vie en 10min de poussée 4kg100 et 53 cm de bonheur.
Tout s'est très bien passé, même l'allaitement débutait bien.
Le tableau s'est noirci quand nous avons donné 3 biberons de lait de vache.
Ma fille s'est mise à souffrir d'un R.G.O interne, de coliques monstrueuses, de soucis digestif.

Des choses bien communes à de nombreux bébés, mais rien ne soulageait ma fille.
Rien mis à part le moment des tétées. Pendant la tétée plus précisément, car juste après elle hurlait jusqu'à épuisement.

J'ai connu en sortant de la maternité 20 tétés sur 24h, les cris, les pleurs, qui exprimaient la souffrance quotidienne de ma fille.

J'ai connu la souffrance - la plus terrible de ma vie - celle de ne pouvoir soulager mon enfant, malgré des traitements mis en place par le pédiatre.
J'ai connu la fatigue, la vraie, celle qui m'a faite entrer dans le burn out maternel, si tabou dans notre société.
Celle qui m'a enlevé la joie d'être maman, parce que je voyais ma vie si noire, si dure, si pénible, à ne dormir que 4h dans une journée, et qu'avec un œil fermé.
A angoisser qu'elle ne s'étouffe avec ses remontées acides dans sa courte nuit.
A subir les remarques, les critiques, les étonnements des gens, de la société.

Je me suis éteinte petit à petit avec le manque de sommeil.
J'ai connu l'envie d'arrêter l'allaitement des dizaines de nuit, parce que j'étais si épuisée que je n'avais envie de rien et que j'étais capable de rien.
J'ai connu l'impression de ne faire que ça (allaiter), et de n'être qu'un sein.
Elle passait son temps au sein, non pas parce qu'elle était affamée - comme on essayait de me faire croire - mais parce que sa souffrance, ses douleurs n'étaient apaisées qu'à mon sein.
Le lait cicatrisait, apaisait sa gorge qui brûlait par ses reflux.

J'ai connu ce raz le bol d'être la seule à pouvoir nourrir mon enfant, à devenir maso car je refusais les biberons de peur de la confusion sein/tétine, ou de la pénurie de lait si je loupais des tétés.
Je refusais de tomber dans ce piège, je refusais de confier mon enfant à ma mère même pour dormir un peu.
Alors que j'étais au bout du rouleau.

Je n'arrêtais pas de me dire que je l'ai voulu ce bébé, et que je devais assumer.
Je me disais "Comment font les autres ? Elles y arrivent !" Parce qu'on me disait que c'était "ça" un bébé.

Donc je me persuadais que ma fille était normale, à dormir 4h sur 24h, à téter 20 fois par jour et à hurler le reste du temps.
A s'endormir d'épuisement au bout de nos bras.
C'était ça un bébé, et je pensais que je n'étais pas prête pour ça, que j'avais fait une erreur et qu'il fallait vite qu'elle grandisse, qu'elle parle, qu'elle me dise ce qui ne va pas !

Puis nous avons passé un premier cap, celui de la découverte de l'allergie, du régime alimentaire qui a amélioré la santé de ma fille, l'arrêt des pleurs, de la souffrance et le début de nuits plus correctes.
S'en est suivie la découverte d'un autre bébé, une seconde naissance.


A ses 4 mois, elle est passée de 4h de sommeil sur 24h, à 7h, puis 8, puis 10h.

Vers 9 mois, elle faisait enfin des siestes régulières de 30min l'après midi, ce qui me permettait de souffler un peu, juste un peu.

Puis vers 18 mois elle a commencé des siestes de 1h, c'était le jackpot, bien que l'heure passait rapidement, j'ai appris à optimiser ce temps.

Et l'allaitement est devenu si facile au bout de ses 4 premiers mois, où jusqu'alors je n'avais eu que très peu de plaisir à le faire.

En fait je n'avais jamais profité vraiment. Pour moi l'allaitement voulait dire à l'époque : moment de calme, sans pleurs, où ma fille était bien, apaisée, heureuse.

Je tirais une satisfaction d'avoir un instant de paix, de bonheur éphémère dans ma journée à la regarder dans les yeux, à créer un lien, une complicité qui m'était presque impossible de faire en dehors de ces temps là.
Après tout ça, l'allaitement est devenu pratique, naturel, simple, heureux.
Je pouvais partir n'importe où sans me préoccuper de rien, je savais qu'elle avait son lait à volonté quand elle le voulait.
Un lait sans allergènes - car je ne touchais à plus aucun produits laitiers - un lait qui ne la ferait plus hurler à la mort.

A ce jour, nous sommes toutes les deux à 33 mois de régimes sans produit laitier (vache - brebis -chèvre) et soja (Nous 3 ans le 18 février 2016)
L'allaitement est devenu une force, un appui solide pour sortir la tête de l'eau et me remettre sur les rails du moral.

J'ai mis bien 9 mois avant de voir la vie d'une autre couleur, de me dire qu'en fait j'adore être maman.

J'ai eu de la chance de trouver de bons soutiens, du soutien dans le monde des allaitantes. (En dehors de ma famille, de mon mari)
Des mamans qui m'ont mises sur la piste de l'allergie, qui m'ont donnée les bons tuyaux et les vraies infos pour l'allaitement.

J'ai connu la Leche League, et j'ai sorti la tête de l'eau. Vraiment.
J'ai eu la sensation de tout recommencer à zéro.
De me battre enfin à la loyale, d'avoir assez d'armes pour continuer cette mission passionnante qu'est d'être maman, face à une société qui ne me comprenait pas.

Avec du recul maintenant, je peux comprendre, je peux comprendre les réflexions des gens, les piques, les incompréhensions.
Ils ne me comprenaient pas. Ils ne savaient pas.

Pourquoi je me suis autant obstinée à souffrir autant, alors que j'aurais pu passer aux biberons pour dormir, ou passer le relai ?
Coller ma fille à mes parents et partir en week end avec mon homme ?
Même avec la découverte de l'allergie à ses 4 mois, pourquoi continuer de donner mon lait ? Les laits de riz maternisés ça existe.

Oui mais non, je n'étais pas prête à abandonner comme ça, à finir sur un échec.
Je n'avais pas tout donné, je n'avais pas tout découvert.
L'allaitement a été le fil rouge dans notre relation, je n'avais pas envie de le briser, pas comme ça.

Je commençais enfin à apprécier, à trouver ça agréable, à retrouver confiance en moi.
A me persuader que je faisais bien, pour le bien de mon enfant.
Je me fixais des petits objectifs, 6 mois d'allaitement, puis 1 an.
Après j'ai arrêté d'y penser.

Je me souviens avoir reçu une revue d'Allaiter Aujourd'hui, quand elle devait avoir à peine 1 an  : "Allaiter après 3 ans".
Et je me souviens d'avoir dit à mon mari "C'est ça que je veux, je veux vivre ce que vivent ces mamans, je veux un jour témoigner comme elles. Regardes comme c'est beau ce qu'elles disent et ce que disent leurs enfants qui en parlent ! Ils parlent de l'allaitement avec leurs mots d'enfant. C'est beau, c'est étrange, mais c'est beau."

Et j'y suis... Voilà ! J'y suis. Demain j'aurai ma place dans la revue "Allaiter après 3 ans".

Au fil des mois, même si tout se passait bien, j'ai eu quelques coups de blues, des doutes, des questionnements.
J'étais rassurée par les ouvrages, ma fille, son évolution, et aussi par le médecin qui la suit, qui n'a jamais eu de cesse que de me motiver et de conseiller à continuer tant que ça marche, tant qu'on le veut toutes les deux.
Que c'était un contrat entre nous deux seulement. Alors je n'ai eu de cesse que de continuer...

Oui, ça n'a pas toujours été rose, c'était particulièrement dur de passer toutes mes soirées à endormir bébé au sein, et de ne pouvoir passer le relais au papa.

Toutes ces soirées où je devais attendre qu'elle s'endorme profondément pour la poser dans son lit en mode ninja ou Yamakasi.
Vous savez ? Ces jours où on maudit le parquet qui grince, la porte qui claque, le nez qui pique et nous fait éternuer, ou le papadans le salon qui tousse !
Ma fille se réveillait avec un pet de mouche (comme beaucoup d'enfant), c'était éreintant, surtout après avoir passé 1h, 2h à l’endormir au sein !
Quand je sortais de sa chambre à 23h, c'était une petite victoire quotidienne.
Mais j'étais épuisée, car je savais que le lendemain le réveil sonnait à 5h pour tirer mon lait et aller au boulot.

Ah oui, petite parenthèse, j'allais oublier, j'ai tiré mon lait pendant 21 mois pour le boulot.
J'ai tiré jusqu'à ne plus arriver à le faire, passant de 400ml par tirage à 200ml, puis un jour à 20ml.
Puis mince, 21 mois c'pas mal hein ? J'en avais raz la casquette à force, mon Dieu que j'aimais pas ça.
Maintenant - avec le recul -  je sais que je peux faire un truc que j'aime pas pendant 21 mois...ça m'aura appris ça, que quand on veut, on peut !

J'ai sentie aussi vers ses 2 ans, un rejet important quand elle mettait longtemps pour finir une tétée.
Je ne supportais plus qu'elle tarde. Je pensais souffrir d'un réflexe d'éjection dysphorique, mais c'est passé, ça a duré quelques mois.
C'était horrible, quand la tétée dépassait 10min, j'avais une répulsion très forte, il fallait que la tétée cesse DE SUITE.
C'était insoutenable, j'avais des palpitations, des crampes, un nœud dans la gorge qui montait avec de la colère.
J'étais en colère, mais je ne savais pas pourquoi.
J'ai d'ailleurs cru que j'allais entrainer ma fille vers un sevrage, que mon corps réclamait la fin de cet allaitement, et qu'il n'était pas bon d'allaiter dans ses conditions.

Et d'un autre côté, j'étais nourrie d'angoisses, l'angoisse de la fin, alors que ces tétées étaient de vraies souffrances psychiques.
Je pensais que j'allais l'éloigner du sein, mais je crois que c'était juste que ça me pesait de mettre tout ce temps à l'endormir.
Je n'avais plus de soirée tranquille avec son papa, pas de temps pour moi le soir à trainer, à lire, à regarder la télé, à me détendre.

Après 2 ans, j'en ai eu vraiment marre, et j'ai passé un marché avec ma fille, qui est toujours d'actualité.

Je lui donne la tétée pendant le temps de la musique de sa veilleuse (ça dure entre 10 et 15 min), et qu'elle dorme ou pas, je sors de la chambre.
Nous avons ce rituel depuis presque 1 an et tout se passe bien.
Elle a sa tétée câlin après l'histoire de son papa et elle dort !

OUI les amis ! ELLE DORT ! J'en reviens pas moi même !
Après avoir passé des mois à l'endormir au sein, depuis qu'elle est dans son lit de "grande",
ELLE DORT !
J'en pleurerais de joie. Elle était prête, je n'ai rien forcé, et c'est bien sûr sans JAMAIS l'avoir laissée pleurer une seule fois.

Technique du 5 - 10 -15
5 minutes de bisous, 10 minutes d'histoire, 15 minutes de tétée !
A renouveler à l'infini jusqu'à que l'enfant s'endorme.
Voilà comment revisiter une certaine méthode canadienne de manière bienveillante.

Je dois dire que cette année est passée à une vitesse folle. L'allaitement a évolué.
Nous sommes entre 2 et 3 tétées par jour selon si je travaille ou non. (Et plus si elle le demande en journée, mais ça reste très rare)
Tout va bien. Nous sommes à l'amiable, tout le monde y trouve son compte.
Je ne suis toujours pas partie en week end avec mon mari, mais on le vit très bien.

Ma tété préférée reste celle du soir, alors que pendant des mois je l'ai redoutée, je l'ai râlée celle-là !
Cette année est une année particulière : elle est rentrée à l'école.
Tout se passe merveilleusement bien.
La transition gardée par mamie/école s'est bien passée.
Aucun pleur, aucune angoisse. Elle adore retrouver ses copains, sa maitresse.
Elle a pris le rythme très vite, et elle qui se couchait à 23h encore au mois d'août, se couche à 20h30 (après sa tété off course).
OUI, nouvelle victoire ! Maudissez moi, jetez moi des cailloux, c'est pas grave !

Oh avant de finir, je voulais vous faire part de la découverte d'un petit bijou.

C'est un livre, pas n'importe quel livre, c'est :
"L'allaitement long expliqué à mon psy, mon généraliste, mon pédiatre, ma voisine..." Aux éditions du Hêtres, d'Agnès Vigouroux.

Un livre d'une psychologue clinicienne, qui tord le cou aux idées reçues.
Qui permet de comprendre, d'apprendre de l'allaitement long : norme biologique de notre espèce.
Cet ouvrage nous plonge dans des théories psychologiques de l'étude du développement de l'enfant.
Comme je ne saurais résumer ce magnifique ouvrage, je vous laisse avec le dos de couverture :

" Vous l'allaitez encore ?!" s'exclament face au bambin allaité le médecin qui prescrit le sevrage au lieu d'aider la mère à mener au mieux l'allaitement, le psychologue qui croit qu'un enfant allaité l'est au même rythme qu'un nouveau-né et en tire des conclusions catastrophiques, la voisine, la belle mère, etc. L'allaitement, norme biologique de notre espèce, n'implique aucune restriction de durée. Parler d'une allaitement comme "long" est une élaboration culturelle. Le fait que notre société définisse une norme au delà de laquelle l'allaitement surprend ou choque nous apprend beaucoup sur elle-même, son rapport à l'enfance, ses représentations du corps et sur la place de la femme. En effet dans un monde où l'image sexualisée de la femme est omniprésente, pourquoi voir un enfant téter dérange-t-il ? Pudeur sélective, clichés psychologiques ? La puériculture est devenue un domaine où les accessoires sont rois. Notre culture prône la séparation, l'autonomisation, la socialisation. Mais peut-être faudrait-il commencer par favoriser les processus d'attachement. Il est urgent que les professionnels de l'enfance et de la santé découvrent la réalité de l'allaitement afin de pouvoir soutenir au mieux les personnes qui les sollicitent."

Je sens que ça va être une année intéressante, et je suis contente d'avoir toujours l'allaitement comme allié.
Je suis fière du parcours mené avec ma fille.
De cette confiance qu'on partage toutes les deux, cette complicité, cette écoute réciproque de nos besoins.

Il a été très riche ce chemin depuis sa naissance. Depuis 3 ans cette aventure m'a amenée à faire de belles rencontres et à vivre diverses expériences enrichissantes.

- Des témoignages pour la Leche League, sur leur site internet -   Allaiter un bébé souffrant d’un R.G.O - ainsi que dans leur revue Allaiter Aujourd'hui.

- Un témoignage pour le site de Véronique Darmangeat, A Tires D'ailes, Allaiter et Reprendre le Boulot

- J'ai aussi laissé la trace - non sans une certaine fierté - chez Les Seintes de McMaman : Allaitement : entre allergie, burn out et réconciliation

- La création de ce blog et de  sa Page Facebook.


- J'ai aussi créé un groupe Facebook, J’allaite un Bambin, qui compte pas loin de 900 membres.
Dont je souhaite remercier - chacune d'entre elles - pour illuminer mon quotidien de leur bienveillance et de leurs témoignages.
La joie de pouvoir trouver à tout moment des personnes qui partagent ma vision du maternage, de la parentalité positive et de l'allaitement long.
Mais aussi de l'éducation non violente, des méthodes alternatives et bienveillantes qui se discute sur ce groupe.
Merci de faire vivre ce groupe avec autant de douceur et d'amour.

Je suis fière du soutien sans failles du papa qui me suit dans cette aventure avec tendresse et bienveillance et que je ne remercierai jamais assez.
L'amour qu'il nous porte est essentiel. Je n'en serais pas là sans lui, sans son ouverture d'esprit, sa pensée logique et son intelligence du cœur.
Je suis heureuse du changement de mentalité autour de moi qui s'est opéré, discrètement mais sûrement. Des gens (de mon entourage) qui apprennent avec moi l'allaitement qui dure.

Nous sommes sans doute plus proche de la fin que du début, mais je me permet maintenant d'en profiter.
De prendre tout, de me nourrir de ce qui me reste avant la fin.
Car le jour où elle me dira STOP, que je sois prête ou pas, ça sera le début d'autre chose, de tout aussi grand.
Et un jour sur ce blog, je viendrai vous raconter...
Pour une fois, je laisse ma fille finir cet article.

 

Ses mots :


"Le poupou a le goût du sucre, ou du miel je sais pas trop..."


"Mais maman on soigne tout avec le poupou !"


"Le poupou va guérir mon bobo maman ?"


"Pourquoi ce bébé n'a pas le poupou maman ? Elle sait sa maman qu'elle a des poupou ?"

"Le poupou c'est beaucoup de joie, je les aime maman tes poupou"

"Maman je continue encore un peu le poupou, parce que je suis encore un peu petite !"

"Un histoire, un poupou et au lit !"

"Maman tu as oublié le poupou, quand même c'est pas vrai, tu es une coquine, tu me fais des blagues !"

"J'ai besoin encore du poupou un peu car je suis pas de bonne humeur ce matin !"

"Je t'aime maman, à la folie, pour tous les jours de ma vie !"

 



10/11/2015
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