Le Monde De Lyli

Le Monde De Lyli

Maman raconte moi l'allaitement

C'était bien avant la grossesse de ma fille. Je suis tombée sur des émissions où je voyais des mères allaiter.
Parfois elles le faisaient au delà de 2 ans, et je les trouvais assez siphonnées !
Comment peut on encore allaiter un enfant de cet âge là ?
Dans mon esprit c'était inimaginable, surtout quand je voyais les enfants parlaient, courir, sauter.
Cette image était négative pour moi.
Autour de moi, je n'ai jamais vu de mère allaiter. Aucun souvenir, aucune image positive.
Juste ces émissions, à la TV, autant dire, rien de bien réel et concret pour moi.
Et puis je suis tombée enceinte, et je me suis alors posée la question.
J'allaite ? J'allaite pas ?


L'allaitement a commencé pour moi pendant la grossesse, ben oui, j'en ai parlé pendant la préparation à l'accouchement.
Ma sage femme en a dit 3 mots à la fin d'un court. En nous disant quels accessoires acheter pour la maternité.
Un soutien gorge avec une ou deux tailles en plus.
De la "Lanoline". Késako ce truc ? Une formule magique d'Harry Potter ?
Jamais entendu parlé, mais je suis sûre que ça parle aux mamans qui allaitent.
Des coussinets absorbant aussi, miam miam l'idée que j'avais en tête, merveilleux, il me tardait les fuites de laits.


Je commençais à paniquer un peu en pensant au nombre de soutien gorge de rechange qu'il faudrait, et la honte d'avoir une tâche de lait pendant que les visites.
Et puis j'ai pas pris le temps de me documenter, ni d'acheter un bouquin, pour moi, et d'après la sage femme, l'allaitement c'est naturel, alors pourquoi se renseigner ? Pourquoi être accompagner ? Finger in the nose, no soucis !
Je le regrette aujourd'hui, mais ce qui est fait, est fait.


Vers la fin de grossesse je me suis dis :
- "Oh et puis si ça marche pas, c'est pas grave. Je vais tenter la tété d'accueil, si ça me plait pas, j'arrêterais, je vais pas me farcir les crevasses et les engorgements juste pour la gloire. Allaiter à la maternité c'est bien non déjà ?"
Oui c'est bien ! C'est très bien même.
Et puis, ma fille est née, et j'ai été prise dans une tempête d'hormones, de questions et de panique.
Quelle responsabilité entre mes mains, ce petit être, si fragile :
- "Et si je ne sais pas faire ?"
- "Et si elle m'aime pas ? "
- "Et si on se comprends pas ? "
- "Et si elle meurt ?"
- "Et si je meurs ? "
- "Qui je suis ? "
- "Qui elle est ? "
- "Que dois-je faire ?"
C'était le feu dans ma tête, et je l'ai mise au sein, 2h après sa naissance. Et je pense qu'à ce moment, sans me le dire, sans me l'avouer, je savais que c'était pour plus "qu'une tété d'accueil".
Ce brasier dans ma tête s'est éteint, ce moment m'a époustouflé, il m'a plongé dans une bulle de bien être où là, sur l'instant il ne pouvait rien lui arrivé, il ne pouvait plus rien arriver, pas même la fin du monde.
(Petit clin d’œil du mois de Décembre 2012, où le 21 devait y avoir un sacré brasier sur terre. Ma fille est née en Novembre 2012.)
Et ce que j'ai vite compris, c'était que ça se répétait à chaque tété. Ces moments où le monde autour n'existe plus, où le temps s'arrête et où il n'y a que ma fille et moi.
C'est vraiment un instant égoïste. Je partage un bout de moi, pour lui permettre d'évoluer, de grandir, de se nourrir, de se guérir, de d’hydrater, de se consoler, de se rassurer.
Exactement comme dans mon ventre, cet endroit où rien ne pouvait lui arriver, où je la protégeais du monde et de toutes ces agressions.


Avec l'allaitement j'avais trouvé la continuité de la grossesse, la suite logique en fait.
Alors je me disais :
- "Je vais tenir 1 mois, puis ensuite je verrais."


A la maternité, mon "gros" bébé "devait avoir faim", me culpabilisaient les sages femmes.
- "L'autre bébé de plus de 4kg, lui il a des compléments de lait Madame !"

-"Gnia gnia gnia gnia" voilà ce que je pensais vraiment
Un "Vous vous êtes nulle Madame et vous ne savez pas faire" aurait eu le même effet sur moi.


Je me suis effondrée en larme, perdu dans mon nouveau rôle de mère, abattue avec mon mari on a décidé de donner 1 biberon dans la nuit, et puis 2, puis 3.
Au petit matin, sans avoir dormi, j'ai arrêté les biberons et continué le sein à volonté.
Vers 12h, ma sage femme à qui j'ai téléphoné pour lui annoncer la naissance et lui demandé un suivi au retour de la clinique, me dit gentiment
- "Madame Maman de Lyli, vous êtes en train de commencer le sevrage avec ces biberons de lait"
Grand bien lui fasse je crois que c'est le meilleur conseil qu'elle est pu me donner !


J'ai donc tout arrêté, et j'ai finit par avoir cette fameuse monté de lait.
Et dire qu'on en fait tout un monde de cette chose là.
On m'avait averti que j'aurais la poitrine de Pamela. Si dure et si douloureuse que je ne pourrais pas passer à côté.
Et bien je n'ai rien eu de tout cela. Oui bon d'accord j'ai pris une taille, mais rien de douloureux, ni de dur, ni même des engorgements, ni des fuites de lait (ce qui je vous le rappelle me donner envie hein ?!).
Car j'en avais acheté des coussinets pour ces fuites...
Et j'avais acheté la formule magique d'Harry, cette fameuse Lanoline, qui m'a beaucoup servit ceci dit, et grâce aux coussinets je ne tâchais même pas les soutiens gorge ! Hihi


Enfin soulagée, je savais qu'elle allait vraiment commencé à avoir du lait et à grossir.
C'était ma volonté pour sortir de cette maternité au plus vite.
Effectivement, le lendemain, 4ème jour, ma fille faisait 4.090kg, soit 10 grammes de moins que son poids de naissance (4.100kg).
Fière et soulagée de mon lait, nous sommes sortie tout penaud, un peu perdu dans ce nouveau rôle.


Tellement perdu que je notais les nombres de tétés sur une feuille, l'heure, la duré, sein droit, sein gauche.
Quand maintenant j'y pense, je rigole.  Je rigole un peu jaune, car ça m'a traumatisé cette affaire.
Heureusement une amie a longuement insisté pour plus que je le fasse, et qu'ainsi je me bouffe de voir que :
- "QUOI ? C'est la 15ème fois que tu tètes ?"
J'étais une taré des horaires, on m'avait bourré le crâne qu'il fallait qu'elle tète au moins toutes les 4h.
Changer de sein toutes les 10/15min etc etc
Je ne donnais jamais une tété sans avoir un réveil  sous les yeux, un stylo et une feuille pour noter.
C'est comme cela que je me fatiguais, que je stressais et que je sais dire aujourd'hui qu'il lui arrivait de téter jusqu'à 20 fois par jour.
Pourquoi ? Tout simplement à cause d'un reflux gastro œsophagien et de coliques.


Ces 3 biberons de lait artificiel à la maternité, on était comme un doux poison, une arme fatale, une erreur monumentale.
Ce bébé si sage à la maternité, est devenu moins commode.
Jamais j'aurais cru qu'un enfant pouvait autant pleurer.


Et c'est là que l'allaitement est devenu pendant 4 mois, une arme et une immense faiblesse.
J'ai lutté chaque jour, chaque heure, chaque minute, chaque S.E.C.O.N.D.E pour "survivre".
Je passais mon temps à l'allaiter, je n'étais plus qu'une mère nourricière.
Je n'existais plus qu'en dehors du sein, de donner la téter.
Je passais mes journées assise sur le canapé, sans pouvoir me reposer.
J'avais beaucoup de mal à lui donner la tété allongée, car elle pleurait beaucoup et refusait.
J'étais réduite à cela, à bout, je ne sais pas dire si je prenais beaucoup de plaisir à le faire, car j'étais tellement fatiguée, que je le faisais quand même, surtout qu'il y avait qu'au sein où elle pouvait dormir un peu.
Ma fille dormait très peu, rappelez vous (Article Où est passé Morphée ?), en tout et pour tout 4h sur 24h. Elle s'endormait des petits quart d'heure au sein, mais si j'avais le malheur de la poser, une plume qui tombe sur le carrelage pouvait la réveiller.
J'emploie l'humour, mais c'est une manière de ne pas sombrer dans ces souvenirs douloureux.
Je ne pensais pas m'épuiser autant en allaitant, mais je ne savais pas à l'époque que ce n'était pas "normal".
Non rien de tout ça ne serait arrivé dans un allaitement "basique". Aucun ne se ressemblent c'est sûr.


Mais ma fille souffrait et la seule chose rassurante et apaisante pour elle était mon lait, mon sein, mes bras, mon souffle, les battements de mon cœur contre son oreille.


Après ces 4 mois d'allaitement et la découverte de son allergie alimentaire (qui était responsable du reflux et de toutes ces douleurs, pleurs et horreurs), l'allaitement est devenu une seconde nature, un réel plaisir et une sacré découverte.


J'ai commencé à m'informer le plus possible, à me documenter, à découvrir un autre monde, celui du maternage proximal, de la parentalité positive, un monde qui finalement me parlait et correspondait à ce que je voulais devenir avec l’appuie de l'allaitement.


Il est devenu une force, un allié, déjà pour l'allergie de ma fille (protéines de lait de vache, chèvre, brebis et soja), mais aussi pour tout le reste, tous ces bienfaits dont je n'étais pas au courant et que j'ai découvert que dans des bouquins dédiés à l'allaitement. Pas même un médecin ou pédiatre m'en avait parlé avant.
Sans parler des bienfait pour l'enfant, mais le bienfait pour la mère, comme la libération d'une hormone du bonheur, ce qui m'a probablement évité la dépression nerveuse et qui m'a permis de garder un lien fort et unique avec ma fille.
Je suis convaincue qu'il fallait que j'allaite pour supporter l’insupportable.


C'est devenu tellement évident pour moi, que j'ai balayé toutes les remarques négatives, les taties Danielle, les voisins, les potes des potes et même les médecins qui disent "que l'allaitement c'est...."
Nous avons trouvé un rythme d'organisation qui nous convenait. On a réussi à traverser l'épreuve du boulot.
J'ai découvert que ce n'était pas une fatalité pour l'allaitement et qu'on pouvait tirer son lait.
Et c'est ce que j'ai fait pendant 20 mois. J'ai tiré mon lait de ses 2 mois environ à ses 20 mois.


Au début je tirais car je pensais donner des biberons de mon lait à ma fille pour me soulager (chose que j'ai fait 1 fois, en regardant mon mari le faire, j'en ai pleuré). Et ça n'a rien arrangé.
J'avais écouté la super voisine qui s'y connait grave en allaitement et qui me disait qu'elle devait avoir faim et qu'il fallait la "gaver" avant de dormir, comme un petit cochon. J'avais donc préparer un biberon de 200ml, et elle avait quand même demandé sa tété du soir et dans la nuit, et en fait, ça n'avait servi à rien que de me sentir coupable.
(Vous avez remarqué qu'en fait cette voisine était une quiche en matière d'allaitement hein ?!! Ouf)


Non mais sérieusement j'en ai entendu des vertes et des pas mûres, et encore aujourd'hui.
Personne n'a l'air de comprendre que nos connaissances sur l'allaitement c'est comme la médecine : ça a fait des progrès.
On a analysé les laits, fait des études, des spécialisations (oui des personnes, des médecins, des pédiatres, des sages femmes, infirmières où même des mamans sont à l'aide de formation poussée sur l'allaitement, comme on deviendrait chirurgien, des spécialistes de l'allaitement et reconnu par un diplôme), non pas votre pédiatre du coin qui a eu 4h de cours sur l'allaitement, non des gens qui sont vraiment formés sur plus de 200h sur l'allaitement et son environnement.
C'est un peu des chirurgiens du néné quoi !
Et ces gens là, il faut les solliciter quand ça ne va pas, et ne pas écouter le super médecin de famille qui a permis à mamie d'allaiter 3 jours Julio, et 3 mois Julia, car après : plus de lait.


Moi on me demande encore si à 22 mois si j'ai toujours du lait, c'est pour dire cette désinformation et ce mythe autour du lait, et j'ai envie de leur répondre :
- "Non en fait elle tète dans le vide, c'est moi qui suis devenue vicieuse, j'adore qu'on me tète, ça t'excite hein ?!"
- "Mais tu vas arrêter quand ?" (THE question)
Là où il faudrait répondre, calmement si possible : " Et bien quand ma fille ou moi on ne voudra plus, quand les besoins seront terminés, et que le temps du sevrage NATUREL arrive, je sais pas ça sera quand, dans 1 an, 2 ans, 3 ans ? Tu peux me le dire toi quand ma fille aura plus besoin de mon lait ? bah moi non plus !"
Je réponds en fait :
- "Quand ses poils au jambes me chatouilleront le décolleter" (ça marche avec la barbe pour les petits mecs mesdames !)


Pourquoi répondre de cette manière plutôt que de l'autre ?
Car une ouvre à un débat sans fin où la personne en face aura de toute façon raison, car sa cousine qui a allaité 1 mois "a dit que".
Soit ça clôture le sujet et on garde notre calme et notre temps précieux n'est pas perdu avec des gens bordés et obtus.
Si je sens qu'il y a une discussion possible, bien sûr je parle avec plaisir de l'allaitement et raonte mon expérience, mon ressentit.
Hey mais attendez, ça me fait penser qu'avant de tomber enceinte, je faisais partie de ces gens bornés en fait...
- " Mais elle est fadas celle là d'allaiter à 2 ans, elle est en manque d'un truc ou quoi sérieux ?"
Sauf que bon, j'y suis moi à 2 mois de ces fameux 2 ans, et je prie le ciel et la terre pour que ça ne s'arrête pas tout de suite.


Allaiter un bambin (enfant de plus de 6 mois) et vraiment différent qu'allaiter un nourrisson.
Les tétés ne sont pas là que pour nourrir essentiellement.
Allaiter un bambin, c'est donné le sein en tout occasion.
Pour un bobo, pour une peur, pour un chagrin, pour se quitter, pour se retrouver, pour dormir, pour se réveiller, pour prendre des forces avant de jouer, pour se féliciter, pour "rien", pour être contre maman, pour faire un câlin, parce qu'on a soif ou faim, parce que maman est trop occupée et qu'on veut attirer son attention, parce qu'on s'ennuie.


Toutes ces tétés sont venues rythmer notre quotidien, ça fait partie de la vie de famille.
Avec un mari qui nous soutien à 200% ça coule tout seul (sans jeu de mot!)


Alors c'est sûr, c'est pas tous les jours faciles, car il y a des tétés "pas au bon moment", des tétés "fastidieuses", "longues", voire acrobatiques (un doigt dans le nez, l'autre dans l’œil, un pied dans la bouche et l'autre qui écrase l'autre sein, oui oui c'est possible), parfois ironiquement je me dis que je me fais martyriser, mais la tété d'après et "que du bonheur" et ça reprend de plus belle, c'est comme l'accouchement, on oublie les mauvais moments pour profiter de l'instant unique.


J'ai surtout vite compris que l'allaitement ce n'était pas un choix personnel de la mère.
C'est une question qui doit englobé aussi le besoin et le choix de son enfant.
Si eux pouvaient le demander, que diraient ils ?
Je veux le sein ? Je veux le biberon ?
Mais en fait, jamais l'enfant ne fait partie du choix que nous prenons en matière d'allaitement.
Maintenant je choisis de laisser ma fille décider quand elle sera prête de mettre un terme à ce lien lacté.
C'est elle qui a le choix. Et je suis qui moi pour lui enlever ce besoin dont elle a l'air de profiter (surtout avec son allergie) ?
Alors si moi, en étant sa mère, je ne me donne pas ce droit, est-ce qu'untel, un médecin, un voisin, la cousine de son meilleur ami où quiconque peut le faire ?


Je vis au jour le jour et maintenant nous avons un rythme de croisière qui me convient parfaitement et que je ne changerais pour rien au monde.
J'ai une petite fille en pleine santé, qui n'est jamais malade (oui je suis partie toucher la table en bois derrière moi et j'ai croisé les doigts, même ceux des pieds), pas même un rhume, une otite, elle qui est pourtant un bébé de l'hiver.
(Oui dans un article j'ai parlé d'une pyélonéphrite, mais ça c'est une autre histoire...que je vous raconterais bien)


C'est une petite puce pleine de vie, d'énergie, curieuse de tout, sociable, dynamique, heureuse, épanouie, qui ne pique que très rarement des colères, colères qui ne durent pas et qui peuvent se calmer par une tété par exemple.
Elle est très câline, prend soin de tout le monde, très polie, généreuse, à l'écoute...
(Elle a aussi des mauvais côtés comme tous les enfants je vous assure, mais rien de bien fatiguant ou usant, quoi que, voir article sur le sommeil)
C'est un vrai petit bijou brut, pourtant Dieu sait que c'était mal partie et qu'on a eu du mal jusqu'à ses 17 mois, date à laquelle j'ai mis en pratique l'éducation non violente et pratiqué la parentalité positive.
(Date à laquelle aussi on a plus eu de soucis avec le sommeil, comme quoi...)
J'en ferais un ou plusieurs articles, à venir...


Il est évident pour moi que cet article ne sera pas non plus le dernier concernant l'allaitement.
Je vis après la grossesse, la meilleure aventure de toute ma vie.
J'espère faire comprendre ce sentiment, même à une maman qui n'allaiterait pas.

Je pense aujourd'hui que si j'étais tombée sur ce genre de texte avant d'être enceinte, ça aurait changé quelque chose en moi, j'aurais eu une vision moins négative et ça m'aurait donné envie de me documenter pour savoir tous les bienfaits de l'allaitement maternel.
Et ainsi je n'aurais pas connu les souffrances du début de mon allaitement.
J'espère un jour ne plus jamais être jugée dans ce choix, qui n'est pas QUE le mien au final.


Belles aventures lactées à celles qui le vivent et me lisent.

La Maman de Lyli

 

L'une des 1ères tétés à la maternité :

 

Allaitement2.jpg

 

 

5 mois environ :

 

Allaitement pour le monde de Lyli.jpg

 

 

2920 tétés par an

 

2920 tétés par an.jpg

 

8 mois de tétés :

 

allaitement1.jpg

 

1 an de tété, et un petit bouquin pour le plaisir !

 

Je lis en tétant.jpg



14/09/2014
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